Pourquoi se mentir à soi-même en amour ?

Femme qui doute de son amour

Temps de lecture 11 minute(s)

Notre ami Cupidon ne ciblerait pas seulement notre cœur. Ce petit vicieux serait accusé et accablé de tous les mots pour utiliser sa petite flèche bien aiguisée pour crever les yeux des amoureux… Et oui, ne dit-on pas que l’amour rend aveugle ? ?

En réalité vous le savez bien, ce n’est pas notre vue qui s’en trouve altérée mais notre cerveau qui est touché et plus précisément notre système limbique, déclencheur de nos émotions et de nos comportements pour la plupart inconscients ou primaires. A l’image des romanciers, on se complait à manipuler le réel pour masquer souvent un ressenti négatif car on croit en notre belle histoire, donc pour faire clair : on est dans le déni. Bon OK, au début on peut ne pas vouloir voir, ne pas chercher à comprendre certains troubles en présence de l’autre pour ne laisser place qu’aux sentiments positifs. Cependant, ces chimères ne durent qu’un temps et la réalité implacable refait brutalement surface et nous contraint à ouvrir les yeux et à voir l’autre tel qu’il/elle est. C’est à ce moment là que l’on peut se rendre compte par exemple que l’on s’est trompé d’histoire, que l’on a idéalisé notre relation amoureuse donc on devient conscient de la situation. Mais voilà, plutôt que de mettre les pieds dans le plat et de casser notre utopie, on préfère la plupart du temps continuer à se mentir à soi-même… Si vous vous reconnaissez dans cette douce description, il devient alors urgent de vous ressaisir au risque de vous brûler les ailes et de redescendre aussi sec sur la terre ferme…

1. Pourquoi je me mens à moi-même ?

Il est très rare que l’on se mente à soi-même durablement de manière inconsciente car à un moment donné on connaît la vérité donc oui, vous avez bien compris, on est de mauvaise foi et j’irai même jusqu’à dire que nous sommes dans le déni, ce petit jeu mental qui consiste à refuser la réalité en se racontant des salades. En général, je me mens à moi-même en amour pour les raisons suivantes :

J’ai des freins à l’amour : c’est selon moi la seule raison pour laquelle on se ment inconsciemment à soi-même tout simplement car ces freins résultent d’un dysfonctionnement psychologique dû par exemple à une méconnaissance de soi et de notre conception de l’amour, à un manque de confiance en soi ou encore à des blessures du passé. Comme il est dans nos gènes de fuir la remise en question, on se berce d’illusions et on déguise la réalité. Ainsi, je peux rester dans une relation amoureuse désastreuse simplement en me disant « j’ai la chance d’être aimé(e) et je ne trouverai personne d’autre » « mieux vaut être seul(e) que mal accompagné(e) » (peur de la solitude) ou encore je ressens simplement un sentiment d’attachement à l’autre que j’assimile à de l’amour ou encore je crois être amoureux(se) de l’autre à cause d’une collusion (« j’aime » l’autre sur un malentendu inconscient et même s’il ne m’attire pas je pense qu’il va m’aider à résoudre mes problèmes psychologiques, m’apporter de l’affection…). Donc en gros, j’idéalise l’autre donc je me mens à moi-même.

Je n’accepte pas mes émotions désagréables et je me rassure pour me protéger et pour ne pas souffrir : ex : si je me suis fait largué(e), je me dis « je suis mieux seul(e) » ou encore je me persuade que l’autre m’aime encore et reviendra vers moi alors qu’au fonds de moi je souffre et je sais que c’est faux. J’idéalise l’être aimé qui me rejette sans chercher à le comprendre et en interprétant son comportement au travers de mon prisme pour éviter de souffrir donc en gros j’oriente la situation en ma faveur.

Je veux éviter le conflit avec ma/mon partenaire : j’accepte le point de vue de l’autre sans broncher alors que je ne suis pas d’accord, je ne supporte pas certains aspects de sa personnalité mais je mets un mouchoir dessus pour ne pas l’affronter et éviter qu’il/elle me rejette car je l’aime.

Je ne veux pas avouer mes torts : bonjour l’ego ! « L’esprit de l’homme est enclin à l’orgueil, et l’orgueil corrompt l’esprit. » (Extrait de Spiridion de George Sand). J’évite ainsi de me sentir dans une situation ridicule ou de ressentir de la culpabilité : je me dis par exemple « il/elle ne me méritait pas » ou encore « il/elle ne comprend rien ».

Je recherche la facilité : je ne veux pas résoudre mes problèmes : se mentir à soi-même est une solution de facilité quand on n’a pas le courage d’affronter les situations inconfortables et les obstacles que la vie met sur notre chemin. Et oui, l’être humain est souvent lâche, on abandonne tout simplement et on ne puise pas l’énergie nécessaire pour se battre. Par exemple, si j’ai connu des déceptions sentimentales et d’autant plus si j’ai des enfants, je préfère me persuader que je suis heureux(se) plutôt que d’assumer un nouvel échec. On se raccroche comme on peut sans voir que l’on se consume à petit feu. On préfère rester pépère dans nos habitudes sécurisantes et se plaindre dans son « petit couple » en demeurant insatisfait de sa vie.

Je veux rentrer dans le moule : bon petit soldat, je ne veux pas faire de vagues, je refuse d’ouvrir la boite de pandore et de m’affirmer : je n’ose pas remettre en cause mon propre conditionnement familial (religion, classe sociale, vision du couple, orientation sexuelle…) ou le schéma de pensée véhiculé par la société.

2. Concrètement, comment je me mens à moi-même ?

Je me mens à moi-même en ignorant les signes et comme les croyances créent notre réalité (comme on dit, on se conditionne), je me raconte des histoires.

J’ignore mes ressentis :

Je suis dans le paraître et non pas dans l’être. Je me conditionne à paraître heureux(se) mais je ne le suis pas. Pourquoi ? Eh bien plusieurs causes : soit je ne me connais pas et je ne sais pas ce que je veux soit je sais très bien ce qui ne va pas et je botte en touche. Je suis tellement dans ma bulle que plutôt que d’accepter mes ressentis et de prendre le temps de chercher à en comprendre leur origine, je fais l’autruche et consciemment ou inconsciemment je les zappe.

Voici quelques signes qui peuvent me faire prendre conscience que je me mens à moi-même et qui témoignent de mon inconfort :

Je ne me reconnais pas, je ne trouve plus de sens à ma vie (en réalité, c’est parce que je me suis oublié(e) et je suis perdu(e)).

J’éprouve des pensées négatives, je ressens des émotions désagréables au contact de ma/mon partenaire (je me sens oppressé(e), frustré(e), pas envie de l’approcher, d’avoir des rapports sexuels…).

Je commets des actes manqués : attitudes et comportements incontrôlés qui révèlent mes désirs inconscients « L’acte manqué témoigne de ce que l’on veut vraiment » (Valentine HERVÉ).

Mon mal-être peut même se traduire par des douleurs physiques (somatisations).

J’ignore mes proches bien intentionnés qui tentent de me faire voir la réalité en face et je minimise la situation pour paraître fort(e) et éviter le sujet.

Je me déresponsabilise :

L’être humain peut faire preuve d’une énergie considérable pour éviter de souffrir. En refusant la réalité, je crois me protéger mais les solutions de facilité que j’initie ingénieusement sont en réalité destructrice et la conséquence inévitable est de s’oublier et de se perdre (comme on dit, c’est reculer pour mieux sauter) « se mentir à soi-même, le meilleur moyen de ne jamais se trouver » (Michelle GUERIN). Et oui, car influencer mon comportement n’est pas naturel ! Je vivote ainsi dans l’inaction, dans la passivité en souhaitant comme par magie un avenir meilleur.

Trois comportements principaux qui illustrent le fait que je me déresponsabilise et donc que je me mens à moi-même :

Je plonge dans mes addictions (plaisir immédiat) pour étouffer mes émotions négatives : nourriture, alcool, travail…

Je me trouve des excuses en permanence : je me dis par exemple : « j’ai jamais de chance » ou bien « j’ai quand même un confort de vie » ou encore « j’ai pas le temps de m’occuper de ma relation amoureuse pour l’instant, j’ai trop de travail »)…

Je rejette la faute sur ma/mon partenaire : oui, notre cher ami l’ego est de retour ! (ex : vous dites : « c’est à lui de changer, moi je n’ai rien à me reprocher », « il/elle ne comprend rien », « il/elle me rabaisse en permanence je ne peux pas en placer une » alors qu’en réalité vous pouvez protester mais vous restez dans l’immobilisme). Mais en fait, le problème c’est moi-même et non pas ma/mon partenaire. Ce serait à moi de mettre un coup de pied dans la fourmilière !

3. Comment éviter de tomber dans ce petit jeu mental aux conséquences désastreuses ?

Comme nous l’avons vu, ignorer ses ressentis est la preuve que l’on se ment à soi-même et pourtant ce sont de vraies alertes ! Mais notre esprit est plus malin qu’on ne se l’imagine et si on ne fait rien, ces signes désagréables nous pollueront de plus en plus jusqu’à temps que nous disions STOP à cette relation toxique (souvent très tard). Après avoir ignoré longtemps le langage de notre corps, on se rend compte que l’on s’est oublié, on est perdu et c’est souvent à ce moment là, qu’à bout d’énergie, la dépression voire des maladies se déclenchent. Le déni a un prix ! La réalité ne vas pas dans notre sens et selon nos espérances. En pensant à tort se protéger en se mentant à soi-même, on se coupe de notre libre arbitre et on se créé notre propre prison et nos propres chaînes. Sachez que la réalité est bien différente de la fiction et tôt ou tard elle nous rattrape.

Pour éviter cette spirale infernale qui est de se mentir à soi-même, voici nos solutions avisées :

Exposez votre situation amoureuse à des personnes proches (donc pas à n’importe qui bien-sûr !) car vous connaissant bien, elles pourront vous ramener à la réalité et vous sortir du déni. Notre cher ami Socrate avait repris la célèbre devise inscrite sur le Temple de Delphes : « Connais-toi toi-même ». Sur la base de cette maxime, vous êtes-vous déjà posé(e) la question de savoir ce que vous recherchiez vraiment en amour ? Quelle est votre conception du couple ? Il faudrait peut-être commencer par là et faire un travail approfondi sur vous-même (thérapie, développement personnel) qui vous permettrait de vous réveiller et d’ouvrir enfin les yeux sur votre situation.

La méditation est aussi un excellent remède naturel
pour vous recentrer et vous permettre d’accepter vos émotions négatives.

Sortez de votre bulle, de votre passivité et agissez : pour éviter un échec ou une déception, vous restez au statut quo. Mais réveillez-vous, on n’est pas dans un film ! Vous n’avez pas confiance en vous, vous pensez non et vous dites oui, vous vous forcez et un jour Badabooouummm ! Vous explosez. Vous faites des cauchemars, vous vous plaigniez. Vous ne trouvez plus de sens à votre vie. Prenez le taureau par les cornes, ne cédez pas à la facilité, arrêtez d’idéaliser votre partenaire, d’être toujours dans le compromis à sens unique, de faire des efforts car le naturel revient au galop et vous gaspillez votre énergie à vous oublier, à masquez votre mal-être ou bien alors ayez le courage de vous remettre en questions et d’ailleurs, n’avez-vous pas l’impression de répéter un même schéma dans toutes vos relations amoureuses ? Sur la base de ce constat, agissez en initiant des décisions et des solutions concrètes.

Communiquez régulièrement avec votre partenaire à la fois pour dissiper tous les doutes et pour avancer soi-même, se connaître, progresser dans son cheminement mais aussi pour évoluer sainement dans la relation.

Pour finir, s’il vous arrive encore de vous trouver des excuses et de vous mentir à vous-même au sein de votre relation amoureuse, sachez que le véritable courage est de ne pas se mentir à soi-même et comme le disait Oscar WILDE « On commence par se tromper soi-même; et ensuite on trompe les autres »…

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